"Il viaggio meraviglioso"
108 I Guido Bisagni I
Du 09 Septembre au 09 Octobre 2021
"Il viaggio meraviglioso"
"Sommes-nous encore capables de nous émerveiller ? Avons-nous perdu la capacité d'être excités ou émus par quelque chose de merveilleux ? Quand j'étais enfant, le seul qui avait voyagé un peu à l'étranger était mon grand-père, pendant la Seconde Guerre mondiale donc dans une situation tragique. Mais malgré cela, j'ai toujours voulu qu'il me parle des Balkans, de l'Allemagne, des pays si proches mais si fascinants pour un enfant comme moi. Nous ne voyagions pas beaucoup avec ma famille et la seule façon de voyager était donc avec mon imagination, en lisant des livres, des magazines et des bandes dessinées, en regardant des documentaires et des films, parfois en écoutant de la musique. Il y a quelques années, j'ai trouvé un livre au marché aux puces intitulé "Merveilles du monde", ce genre de livres fantastiques imprimés dans les années 60 et 70 avec ces grandes photos aux couleurs vives. Je me suis souvenu à quel point je les aimais durant mon enfance, cette atmosphère d’une époque où il n'y avait pas Internet et où voyager était devenu si facile. En même temps j’ai réalisé combien j’avais vu de mes propres yeux, depuis que j’avais commencé à voyager pour mon travail, de ces merveilles qui m’avaient fasciné enfant. Je me plains souvent de ce que je fais, mais en fait, être artiste est presque un rêve devenu réalité pour moi.
Durant ces 20 dernières années de pratique artistique, j'ai eu l'occasion de parcourir le monde, de découvrir de nouveaux endroits, de voir des merveilles et de rencontrer toutes sortes de gens.
Dès que je suis rentré de mon voyage à Lyon pour la dernière exposition (« LUG »), le monde a connu l'une de ses pires périodes depuis ma naissance. Lors du premier confinement en Italie il était impossible de sortir de chez soi hormis pour aller faire les courses 1 ou 2 fois par semaine. J'ai réalisé ce que faire de l'art signifiait pour moi : une recherche de nouvelles choses merveilleuses, un voyage à travers de nouvelles frontières. Maintenant, je sais qu'il est possible de voyager avec l'esprit tout en restant à la maison, mais néanmoins le monde me semble aujourd'hui être un endroit plus ennuyeux. Au Moyen Âge, par exemple, lorsque les gens ne voyageaient pas en dehors de leur pays, le monde semblait néanmoins un endroit merveilleux et effrayant. Ils imaginaient alors d'immenses forêts, des déserts, des mers pleines de monstres, des pyramides et toutes sortes de peuples. Contraints de voyager en utilisant leur esprit et leur imagination, les petites choses sont devenues grandes, les grandes sont devenues énormes et les énormes géantes. L'homme d'aujourd'hui semble fatigué de chercher des choses qui l'émerveillent, le monde semble se refermer sur lui-même. Je pense qu'il est encore possible de trouver quelque chose de fantastique dans une cours cachée au coin de la rue ou quelque part à l'autre bout de la planète, de faire des choses merveilleuses, ou étranges et bizarres. A travers mon œuvre, j'ai toujours voulu briser la coquille ordinaire dans laquelle nous avons vécu ces dernières années.
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Are we still capable to amaze ourselves? Have we lost the ability to be excited or moved by something wonderful? When I was a kid, the only one in my family who travelled a bit in some other countries during his life was my grandfather, during the second world war, so it was tragic. But I always wanted to listen him telling me about the balkans, about Germany, Countries so close but fascinating for a kid like me. We were never travelling so much with my family so my only way to travel was with my imagination, reading books, magazines and comics, watching documentaries and movies, sometimes listening to music.
Few years ago I found a book at a flea market called “wonders of the world”, that kind of amazing books printed during the 60's and 70's with those bright colours and bold pics. I remembered how much I liked those kind of books back in my childhood, that atmosphere before the internet but also before traveling became so easy. And at the same time I realized how many of those wonders I saw with my own eyes since I started to travel for work. Often I complain about what I'm doing but being an artist for me it's still almost a dream, making art in the past 15-20 years I had the chance to travel around the world discovering new places, seeing wonders, meeting any kind of people.
As soon as I came back from Lyon in 2020, the world has faced one of its worst time since I was born. When the lockdown arrived, it was impossible to move anywhere, being in Italy for some months meant that it was really impossible to leave home more than 1 or 2 times a week to buy some food. I realized what making art still means for me: searching for new wonders, travelling through new different borders. Now I see that's possible to travel with mind even staying at home, in many different ways, but today the world seems to be a boring place. Throughtout medieval times, for example, when people weren't used to travel frequently out of the village or the region, the world seemed a very wonderful and at the same time scary place. They knew about endless forests, deserts, seas full of monsters, pyramids, any kind of weird people. Wonders that no one had ever seen and for this reason they mostly travelled using their mind and imagination: small things became big, the great became enormous, the enormous gigantic, the world outside was a place full of amazing things. Humans today seems to be tired about searching for wonders, the world seems to be closing in on itself, I still think that's possible to find something amazing inside a courtyard behind the corner or on the other side of the planet. I still think it's possible to make something wonderful or at least weird and bizarre. With my works I really want to break the ordinary shell we have been living nowadays."
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