pic by Ghislain Mirat"La saison des brumes"
Solo show at Galerie Masurel, Lyon
15.10.25 - 20.11.25Le titre » La saison des brumes » vient du fait qu’après la neige, la brume est l’élément naturel que j’aime le plus. En général, après la chaleur et la lumière estivales — que je trouve souvent excessives et sources d’inconfort — l’arrivée de la brume agit sur moi comme un apaisement et s’associe à l’automne, ma saison préférée. De plus, la brume — comme je le dirai plus loin — symbolise bien la distance entre moi et une grande partie du monde. La plupart des gens la détestent, alors que moi je l’aime. Elle crée un rideau de séparation à faible distance et restitue l’idée de deux mondes avançant en parallèle sans jamais se toucher.
Cette fois-ci, je me suis retrouvé à réaliser un grand nombre de nouvelles œuvres alors que j’étais déjà absorbé par la préparation de deux expositions à venir, sans avoir réellement le temps de réfléchir de manière systématique à ce que j’étais en train de produire. J’ai donc choisi de continuer à peindre en suivant le flux, travaillant avec intensité et persistance, parfois même durant la nuit.
D’un point de vue formel, ces œuvres poursuivent un processus fondé sur la décomposition puis la recomposition de la forme. La forme demeure le centre de ma pratique, bien que je sois pleinement conscient de l’impossibilité de trouver chaque fois une image à la fois originale et « juste ». Après avoir défini une structure essentielle, je commence à la modifier comme s’il s’agissait d’une sculpture, en intervenant par soustraction. J’ajoute ensuite des strates, tout en laissant visibles les traces des corrections, car je considère important de montrer que les décisions ne sont pas toujours tranchées ni définitives.
Les formes sont également soumises à des « filtres » ou à des « effets » qui relèvent davantage du langage sonore que du langage visuel. Ces effets peuvent déformer, échantillonner ou répéter des segments d’une ligne ou d’un contour, à l’image de l’utilisation de pédales de guitare. Une autre strate se constitue à travers l’usage de la couleur, qui enrichit la composition tout en complétant son spectre chromatique. Comme toujours, j’emploie la couleur avec parcimonie, la traitant comme une pierre précieuse.
Sur un plan plus conceptuel, ces œuvres reflètent une recherche que je poursuis depuis de nombreuses années — une quête d’émerveillement et d’une possible transcendance du monde. Celui-ci m’apparaît aujourd’hui plus que jamais comme un lieu où il est difficile de trouver un sentiment d’appartenance, dominé par des dynamiques compétitives et par des obsessions égocentriques qui se traduisent souvent par des conflits.
Dans ce contexte, l’art — et la peinture en particulier — devient pour moi une nécessité vitale : une manière de retrouver un certain équilibre, mais aussi un acte de résistance, affirmant l’importance de créer quelque chose de beau et de signifiant, même si ce n’est pas immédiatement compréhensible ou utile à tous. Pour atteindre une beauté qui dépasse la simple fonctionnalité mécanique, je crois qu’il est essentiel d’accepter de sortir de sa zone de confort et, avant tout, de cultiver la curiosité.



